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Les cabines de téléconsultation ne remplaceront jamais les consultations médicales en présentiel !

LE CHIFFRE :
En moyenne, 2 millions de consultations en présentiel par jour en France VS 30.000 « téléconsultations » par jour, seulement !
Chers confrères, chères consœurs,

La société H4D, « leader européen de solutions de télémédecine » selon son site internet, créatrice et exploitante de cabines de téléconsultation, est en cessation d’activité depuis ce jeudi 26 septembre, en raison de graves difficultés financières.

Avec le soutien de l’État, ces dernières années, plusieurs départements (Seine-et-Marne, Ain, Yvelines, …) avaient acquis et installés sur leurs territoires ces cabines de téléconsultations, pour un montant de 100.000€ d’investissement public par cabine selon certaines sources !

La faillite des cabines de téléconsultation : une faillite du système de santé


Si nous ne nous réjouissions évidemment pas de la cessation d’activité d’une entreprise et des conséquences sociales que celle-ci induira, cette actualité ne fait cependant que confirmer notre opposition de longue date à ces cabines de téléconsultation. Le recours, par les collectivités locales, à ces cabines, pour des montants d’investissement faramineux, n’était que le corollaire de l’absence de volonté de revaloriser l’exercice de la médecine de famille.

La médecine ne se réduit pas à des prises de constantes ou à des consultations à distance. La relation médecin-patient, l'examen clinique, l'écoute active, et la compréhension de la complexité des symptômes ne peuvent être remplacés par un lien déshumanisé en dehors du colloque singulier présentiel. Face à la désertification médicale, les autorités ont cru pouvoir compenser la perte de valeur humaine par une technologisation des rapport… A la manière du fast-food qui remplacerait un plat mitonné ! Ces options technologiques se sont avérées coûteuses et inefficaces, et cet argent aurait pu être bien mieux utilisé pour soutenir les médecins de terrain, créer les conditions favorables à l’implantation de professionnels de santé libéraux et développer des structures de soins locales.

L'illusion technologique face à la réalité du soin


Les cabines de téléconsultation ont été présentées comme des solutions miracles pour pallier le manque de médecins. Elles promettaient de remplacer 97 % des actes réalisés dans un cabinet médical. Pourtant, nous savons que la médecine ne se résume pas à des chiffres ou à des constantes. Combien de fois avons-nous pu diagnostiquer une pathologie complexe en observant des signes que seule la présence du patient, l'examen physique direct, peut révéler ?

Ces cabines, en plus de leur coût exorbitant, manquent de flexibilité et ne permettent pas de garantir la qualité du diagnostic ou du suivi des patients. La faillite de H4D démontre que la technologie, sans un cadre humain et médical fort, ne peut tenir ses promesses.

La relation médecin-patient, au cœur de notre métier


Le lien humain, la confiance, l'écoute, et l'expertise clinique sont au cœur de notre pratique. Les cabines de téléconsultation mettent à distance cette relation précieuse et déshumanisent l’acte médical. Les patients se retrouvent isolés, face à une machine, alors qu'ils auraient besoin d’un professionnel de santé à leurs côtés, capable de les examiner, de les rassurer et de leur proposer un suivi adapté.

Nous, médecins libéraux, devons rappeler que la qualité des soins passe avant tout par la présence d'un médecin, capable d’agir en temps réel, de comprendre la globalité d’une situation médicale et de proposer une prise en charge complète.

Ce que nous proposons aujourd’hui


La CSMF Hauts-de-France s'est toujours opposé à l'implantation de ces cabines de téléconsultation et continuera à défendre un système de soins centré sur le patient, avec des professionnels présents sur le terrain, proches de leur population. L'investissement dans la technologie ne doit plus se faire au détriment de l'humain. Et plus encore quand l’installation de telles cabines intervient en violation de la Convention médicale qui interdit strictement ces dispositifs sur les territoires où les médecins libéraux se sont organisés pour répondre aux soins non-programmés, par un SAS ou une organisation territoriale. L’accès direct à une cabine constitue alors un pied de nez à la responsabilité des médecins libéraux qui assument pourtant leur responsabilité populationnelle. Nous demandons donc aux pouvoirs publics de soutenir les médecins de terrain, d'encourager l'installation de professionnels dans les zones rurales et sous-dotées, et de garantir un accès aux soins digne de ce nom pour tous les patients.

Il est temps de réinvestir dans une médecine de proximité, d’abandonner les illusions technologiques coûteuses, et de replacer le médecin libéral au cœur du système de santé. Ce point devra faire l’objet de prochaines négociations dans le cadre de la nouvelle convention pour rendre les territoires sous-dotés plus attractifs pour les médecins libéraux, au travers notamment d’un coefficient de surévaluation des actes réalisées dans ces zones sous-denses.

Restons mobilisés pour défendre notre métier et la qualité des soins pour tous.

Dr Bertrand Legrand 
Secrétaire général de la CSMF Hauts-de-France