Peintre, photographe, réalisateur, William Klein a inventé un style. Celui d’une image libre, fracassante, saturée de vie. La mode, la politique, les villes, rien n’échappait à son œil affamé. Juif new-yorkais, il vivait à Paris. C’était le plus Américain des artistes visuels français.
- Raphaëlle Stopin, commissaire d’exposition free lance, critique et consultante en art et média, directrice du Centre photographique Rouen-Normandie
- David Campany, commissaire d’exposition, critique d’art et auteur
- Jean-Paul Goude, illustrateur, photographe, metteur en scène et réalisateur de films publicitaires
- Marc Lamour, agent de mannequins
- Pierre-Louis Denis, assistant de William Klein
- Tiffanie Pascal, assistante de William Klein
Né en 1926 à Manhattan, tout près d’Harlem, il arrive à Paris via l’armée d’occupation américaine en Allemagne. Il étudie la sociologie à la Sorbonne et la peinture à Montparnasse, chez André Lhote, puis Fernand Léger. Ce dernier l’engage à sortir de l’atelier et à explorer de nouveaux médias. Ce sera la photo, avec un coup de maître ! En 1956, son livre sur New York le rend célèbre. Titre original Life is Good and Good for You in New York. Personne n’avait jamais montré Manhattan comme ça ! Multiculturelle, joyeuse et fauchée, on est très loin de Park Avenue. Les USA ne veulent pas de ses images ? Il est publié en France grâce à Chris Marker, éditeur au Seuil. Klein s’établit définitivement à Paris.
En Italie, engagé par Fellini comme assistant sur Les Nuits de Cabiria, il attend vainement que le tournage commence. En attendant, il fait des photos. C’est Rome, après New York. C’est toujours ce noir et blanc, ces images frontales, cette vie glamour ou populaire, un portrait d’une ville et de ses habitants. Gros plans, flou, bougé, engagement total du photographe au milieu de ses modèles, gueules d’anonymes et grand angle.
Klein supervise l’édition de ses livres, avec des images pleine page, sans marge. Il récidive avec Moscou et Tokyo, si exotiques en 1960. Collaborateur régulier de Vogue, il fait poser les mannequins dans la rue. Il s’amuse avec les codes de la beauté. Il applique sa patte à tout ce qu’il touche.

Après un premier film pop (Broadway by light), il suit le boxeur noir Cassius Clay (futur Mohammed Ali) dans son combat contre Sonny Liston à Miami en 1964. Documentaire passionnant : on n’assiste pas au combat, mais on est dans les coulisses, avec les spectateurs, les parieurs, les pros du milieu... et le jeune boxeur au verbe haut.
Engagé à gauche, William Klein milite contre la guerre du Vietnam, pour les droits des Afro-américains. Il filme Eldridge Cleaver, membre des Black Panther réfugié à Alger. En France, il capture Mai 68, ses manifs et ses palabres insensées. Mais il raconte aussi la vie en fiction avec Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? (1966), satire du monde de la mode, ou Le Couple témoin (1976), comédie d’anticipation dans une ville nouvelle en construction. Puis, il revient au documentaire (The French, en 1981, dans les coulisses de Roland-Garros). Photographie encore les villes (Turin, Paris, Brooklyn...). Réalise des publicités (Dim, Ricqlès...). Fait poser Gainsbourg en travesti (pour l’album Love on the Beat). Applique de la peinture sur ses planches contacts, créant la série Contacts. Est enfin reconnu comme un grand, par une rétrospective au Centre Pompidou en 2005 puis à la Tate Modern de Londres en 2012.

Hello, Mr. Klein ? Vous n’êtes jamais fatigué ? Il meurt en 2022 à Paris, à l’âge de quatre-vingt-seize ans.
Archives ina
- Le bon plaisir de William Klein par Jean Daive et Jacques Taroni (France Culture, 1992)
- Photographes archives sonores : Entretien avec William Klein (France Culture, 1981)
- Photo portrait (France Culture,1989)
- Actualités (RTF, 1957)
Extraits diffusés (films)
- Qui êtes-vous Polly Maggoo ? et Muhammad Ali, de William Klein
- La jetée de Chris Marker
Bibliographie sélective
- Les quatre grands livres des villes (1954-1960) : New York 1954-1955 (Marval, 1995) - Rome (Seuil, 1959) - Moscou (Delpire, 1964) - Tokyo (Zokeisha, 1964)
- Close Up (Thames & Hudson, 1989)
- Torino 90 (Federico Motta, 1990)
- Mode In & Out (Seuil, 1994)
- Paris + Klein (Marval, 2002)
- Contacts (Delpire, 2008 puis 2020 pour une nouvelle édition)
- William + Klein (Textuel, 2018)
- Qui êtes-vous Polly Maggoo ? (Delpire & co, 2022)
- William Klein - Yes (Xavier Barral, 2023)

Filmographie sélective
- Broadway by light (1958)
- Muhammad Ali the greatest (1964-1974)
- Qui êtes-vous, Polly Magoo ? (1966)
- Mister Freedom (1968)
- Grands soirs et petits matins. Mai 68 au Quartier Latin (1968-1978)
- Festival panafricain d’Alger (1969)
- Eldridge Cleaver, Black Panther (1970)
- Le Couple témoin (1976)
- The Little Richard Story (1980)
- The French (1981)
- Mode in France (1984)
- In and Out of Fashion (1998)
- Le Messie (1999)
Musique
- Extraits de : The way you look tonight, Billie Holliday - Africa et Blues minor, John Coltrane - The chauffeur, Duran Duran - Condiciones que existe, Eddie Palmieri - Sortie 134, Art Zoyd - Ash in the rainbow, Haco & Hiromichi Sakamoto - No GDM, Gina X Performance - Mister Freedom, Serge Gainsbourg - The fox, Lalo Schifrin.
Générique
Un documentaire de Julien Thèves, réalisé par Angélique Tibau. Prises de son, Angélique Tibau et Romain Lucquiens. Mixage, Jean-Louis Deloncle. Archives Ina, Emmanuelle Luccioni. Coordination, Christine Bernard. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.
À écouter aussi
L'équipe
- Production déléguée
- Réalisation
- Coordination
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